Si les fondations du château et de l’hôpital sont, en elles mêmes, originales pour un tout petit village qui ne comptait que quelques « âmes »
, les deux suivantes : Val Saint-Esprit en 1320 pour des pères chartreux et Mont Sainte-Marie en 1329 pour des moniales chartreuses, ont fait de Gosnay un exemple unique au monde, où, en milieu rural, deux couvents de cet Ordre ont cohabité pendant 450 ans « à une portée d’arbalète »
.

L’Ordre des chartreux est né en 1086 dans le massif de Chartreuse, prés de Grenoble. Son fondateur, Saint Bruno, suscita très vite de nombreuses vocations et les couvents pour pères chartreux se sont rapidement multipliés. Ils étaient 140 en 1371, 65 en France et 169 dans les autres pays d’Europe au XVIIè siècle.
Les maisons pour moniales étaient, par contre, beaucoup plus rares. L’Ordre, à priori réticent à l’égard des femmes, s’est, dès le XVè siècle, imposé de ne jamais compter plus de 5 maisons de moniales qu’il appelait d’ailleurs « les 5 plaies de l’Ordre »
. Celle du Mont Sainte-Marie à Gosnay se singularise pour avoir été la première chartreuse pour moniales, éloignée de la maison mère de la Grande chartreuse.
La multiplication des monastères de chartreux conduisit l’Ordre à se structurer en Provinces. Ces provinces cartusiennes réunissaient, chacune, une bonne dizaine de maisons dans un espace territorial commun. En 1675 l’Ordre des chartreux était subdivisé en 16 provinces, dont 7 en France. Les historiens estiment que 2500 pères, 160 religieuses, 1300 frères et 3800 serviteurs étaient alors, répartis dans les différentes maisons de l'Ordre.

- Les deux chartreuses de Gosnay étaient pour leur part rattachées à la province de Picardie, qui comprenait aussi,
- Notre Dame du Val Saint-Pierre près de Vervins (1140-1791)
- Notre Dame de Macourt, près de Valenciennes (1288-1791)
- Val Sainte Aldegonde à Longuenesse, près de Saint Omer (1298-1791)
- Saint Honoré de Thuison près d’Abbeville (1301-1791)
- Notre Dame du Mont Renaud près de Noyon (1308-1791)
- Notre Dame des prés à Neuville sous Montreuil (1323-1791)
- Mont Saint-André à Chercq prés de Tournai (1375-1782)
- Saint-Joseph et Saint-Morand à Douai (1662-1791)
- Notre Dame des sept douleurs à la Boutillerie prés de Fleurbaix (1618-1791)
La révolution française supprima toutes ces maisons en 1791 et l’ensemble de leurs biens fut vendu comme « biens nationaux »
. Aucune d’entre elles n’a été réinstallée depuis, à l’exception de Notre Dame des prés à Neuville sous Montreuil à la fin du XIXé siècle. Sa spécificité était alors de réaliser tous les travaux d’imprimerie de l’Ordre.