Val St Esprit

Il est difficile de saisir, du dehors, l’esprit qui anime le Père chartreux, retiré du monde et isolé dans sa cellule. « notre vocation est de vaquer au silence et à la solitude de la cellule. Elle est la terre sainte, le lieu où Dieu et son serviteur entretiennent de fréquents colloques, comme il se fait entre amis » précisent les statuts de l’Ordre qui reconnaissent par ailleurs que « n’est pas chartreux qui veut. Il faut l’amour de la solitude et de notre vie, mais aussi des aptitudes physiques et psychiques particulières ». De ce fait, les conditions du recrutement sont très sélectives. Benoît-Joseph Labre 1748-1783) échoua par deux fois (Neuville sous Montreuil et Longuenesse) dans ses intentions d’entrer en chartreuse avant de parcourir l’Europe comme pèlerin mendiant.

L’admission en chartreuse est soumise à des étapes obligatoires. Le jeune homme est d’abord invité à faire une ou plusieurs retraites, dans les conditions de vie du Chartreux afin que le prieur et la communauté soient à même de pouvoir se prononcer sur la vocation de celui qui se présente. Il est alors reçu comme postulant si les premiers contacts lui ont été favorables.

Le « postulant » ne doit pas être âgé de plus de 21 ans (sauf de rares exceptions). Il doit être de bonne constitution physique, posséder une solide formation en sciences humaines et surtout connaître le chant. Ces derniers critères sous-tendaient autrefois, un recrutement sélectif parmi les couches sociales les plus aisées, seules à pouvoir offrir à leurs enfants une formation universitaire. Les autres postulants, d’origines plus modestes, peuvent toutefois prétendre à une admission comme frères convers ou frères donnés. Au bout de trois mois, si le bilan est jugé satisfaisant par la communauté, le postulant est admis pour un « noviciat » de deux années. Vêtu de l’habit cartusien en laine blanche, il porte aux offices une chape noire. La première année est consacrée à la vie religieuse cartusienne et l’acquisition de l’esprit de l’Ordre, faisant ainsi l’expérience de l’existence du chartreux. Les études préparatoires au sacerdoce commencent dés le début de la seconde année.

Chartreux

Chartreux en méditation au Cubiculum

A l’issue de son noviciat, la communauté se prononce, par vote, sur son admission à la première « profession religieuse », par laquelle il s’engage pour 3 ans dans l’Ordre, par des vœux de stabilité, d’obéissance et de conversion des mœurs qui incluent la pauvreté et la chasteté. Sous la direction du Père maître, il va poursuivre sa formation religieuse et les études préparatoires au sacerdoce.

Au terme de ces trois années, et après délibération de la communauté, le jeune « profès » renouvelle ses vœux temporaires pour deux ans. Il entre alors dans la communauté des profès de vœux solennels, mais ne pourra, que deux ans plus tard, faire sa profession religieuse perpétuelle, ou quitter le monastère, selon la décision de la communauté.

Dès le postulat, les moines chartreux vivent dans le secret de leur cellule et poursuivent des études de philosophie et de théologie dans un esprit monastique. Les moines laïcs (frères convers et donnés) ne font pas de vœux religieux, mais se donnent à l’Ordre par un engagement réciproque. Ils mènent une vie monastique et se consacrent, dans la solitude et le travail manuel, à la communauté. Les uns et les autres n’ont pas la même fonction mais participent à la même vocation. Leur vie est strictement réglementée. Ils doivent obéissance, pauvreté, chasteté et silence absolu, font abstinence totale de viande, même en cas de maladie, et ne mangent que du poisson. Le grand jeûne est tenu plusieurs mois avant Pâques (un repas frugal par jour, plus de l’eau et du pain). Ils ne sortent de leur cellule que pour les offices religieux à l’église et le « spatiement », seul moment de la semaine où ils quittent leur couvent pour une longue marche à pieds au cours de laquelle, ils peuvent converser librement entre confrères, mais jamais avec les étrangers du couvent. Cette règle de vie est encore pratiquée aujourd’hui.

    La journée du Père chartreux est ponctuée d’exercices de jour comme de nuit,
  • 23 h 30, lever, « matines et oraison » en cellule
  • 0 h 15 à 2 h 30, « matines et laudes » à l’église
  • 6 h 30, second lever puis « primes, oraison » en cellule
  • 8 h, messe conventuelle à l’église
  • 9 h, retour en cellule, « oraison » ou étude de la « Parole divine »
  • 10 h, études ou travail manuel en cellules
  • 12 h, « sexte », repas et récréation en cellule
  • 14 h « none », étude ou travail manuel en cellule
  • 16 h, « vêpres » en cellule
  • 16 h 15, « vêpres » à l’église
  • 17 h, collation, lecture et « oraison » en cellule
  • 18 h 45, « complies » en cellule
  • 19 h, coucher