Le village, successivement nommé Gotnay (1135), Golnay (1138), Gosnayo (1320), Ghosnay ou Gosnayum (1321), Gosnaium (1394) ne voit fixer son appellation actuelle qu'à partir du XVème siècle.
Les bulles d’Innocent II en 1139, Eugène III en 1152 et
Adrien en 1154, ont toutes confirmé l’autel de
«Gosnacum»
dans la mense
épiscopale d’Arras et si la dîme appartenait en
entier à l’Evêque d’Arras, celui-ci devait
payer aux Chanoines du Chapitre Saint Barthélemi de Béthune
« tous les ans à la Saint-André,
32 mencauds de froment et 24 muids d’avoine »
On attribue couramment au radical « Gosne »
le nom d’homme comme à Gonnehem ou Gosné en Ille
et Villaine. La racine « acum »
,
d’origine celte, signifie « demeure »
.
Elle est devenue «y»
dans le pays de Gohelle, non asservi aux tribus germaniques, alors
que plus au Nord, elle a donné « Hem »
comme à Gonnehem. Les deux formes impliquent l’idée
d’habitation humaine, ce que confirment les nombreux indices
d’une vie humaine au IVé siècle après JC,
découverts, au début du XXéme siècle, au
moment de la mise en exploitation de la sablière du «
Bois des Dames, un grand cimetière
gallo-romain, constitué de nombreuses tombes de la même
époque et de même caractère, avec de nombreux
objets : vases, colliers de perles en verre ou en terre, haches
de fer et autres fibules émaillées »
.
Ce cimetière est à rapprocher du village de potiers de
Labuissière, découvert dans les années 1970,
lors de l’installation de l’hypermarché Cora. Tous
deux attestent d’une vie importante pour l’époque,
sur le versant sud du bois des Dames.

1° plan cadastral de Gosnay de 1812
Cerné par l’autoroute A26 à l’est, le bois des Dames au Nord, les friches industrielles de Carbolux et de l’ancienne centrale électrique de Labuissière à l’ouest et le village d’Hesdigneul au sud, le terroir de Gosnay, avec ses 210 ha est l’un des plus petits du département du Pas de Calais.
L’évolution
démographique de Gosnay, est significative des différentes
phases de son développement. Jusqu’à la
révolution française, le village ne dénombrait
(hors les deux couvents)
que quelques dizaines d’âmes (21 feux en 1469, 30 en
1761). Soucieux de préserver « leurs
déserts »
, les chartreux et chartreuses
avaient acquis une grande majorité de terres et bloquaient de
fait toute possibilité d’accroissement de la population.
En 1790, au moment de la suppression des deux couvents, 224 habitants
dont 39 enfants de moins de 18 ans vivaient dans la commune. La
population du village s’est alors stabilisée jusqu’en 1899,
date d’implantation des premières cités ouvrières
de la Compagnie des mines de Bruay. Gosnay
est passé très rapidement de 280 habitants en 1891 à 1076 habitants en 1906 pour
atteindre son maximum en 1954 avec 1654 résidents. La récession
minière et la fermeture des puits de mines ont alors provoqué
un décroissement progressif jusqu’en 1975. Depuis, la
population s’est stabilisée autour de 1200 habitants.
La
grande histoire du village commence au début du XIVé
siècle, avec Thierry Larchier d’Hireçon
(originaire d’Hérisson en Bourgogne). Personnage
controversé, il fut l’agent secret de Philippe Le Bel
dont il reçut le 4 novembre 1325, 20 000
livres que nous li devons pour aucunes causes secrètes que
nous ne voulons nie que plusieurs sachent
, puis
le conseiller intime de Mahaut, la très puissante « Comtesse
d’Artois et de Bourgogne »
.
Il
s’attire rapidement les foudres des seigneurs d’Artois en
intriguant en faveur de Mahaut et en achetant un nombre
impressionnant de biens à Paris et surtout en Artois. Sa
richesse est florissante et insolente et son titre de « conseil
de Madame »
en fait un véritable ministre
d’Etat qui lui vaut l’hostilité de toute la
noblesse d’Artois. Par sécurité, il se réfugie
en 1315 près du Pape Boniface VIII en Avignon. Son retour en
juillet 1319, est triomphal.
Chanoine d’Arras en 1299, prévôt d’Aire sur la Lys en 1309, il est évêque d’Arras en mars 1328, mais décède subitement en novembre de la même année, vraisemblablement victime des rancœurs persistant à son encontre.
Qualifié
de « zélé bâtisseur, capable de
diriger, même honnêtement, un gouvernement »
par l’historien Jules Marie Richard, Maître Thierry est
incontestablement à l’origine du développement
exceptionnel d’un petit village de quelques « âmes »
,
où il fit construire successivement, un château fortifié
en 1315, un hôpital en 1320 et deux couvents pour Pères
chartreux en 1320 et Moniales chartreuses en 1329.
Soucieux de mémoriser le riche passé de la commune, le conseil municipal, dans sa séance du 24 janvier 1986 a adopté pour la commune le blasonnement suivant, « d’argent à la fasce de gueules chargées d’une couronne comtale d’or à deux crosses de sable tournées à senestre en sautoir» .

Armoiries de Gosnay
Ces armoiries résument toute l’histoire de Gosnay,
- La famille de Béthune, maîtresse de la terre de Gosnay jusqu’à sa donation par Robert II à l’Evêché d’Arras, portait
« d’argent à la fasce de gueules »
. - Mahaut, comtesse d’Artois, y fonda avec son chambellan, Thierry d’Hireçon, deux couvents de l’ordre des chartreux : Val Saint-Esprit pour les moines et Mont Sainte-Marie pour les moniales, dont les vestiges exercent encore aujourd’hui une certaine influence dans le village. Elle est représentée par la couronne comtale
- Les deux crosses symbolisent ces deux fondations qui doivent beaucoup à
Maîstre Thierry
et rappellent qu’il fut aussi Evêque d’Arras.