Témoin historique original et exceptionnel, la chartreuse du Mont Sainte-Marie fait l’objet d’une importante campagne de recherches archéologiques depuis novembre 1997, par la Faculté d’histoire et archéologie de l’Université d’Artois, sous l’égide
- de la Direction Régionale des Affaires culturelles pour les sondages,
- du Ministère de la Culture, pour les fouilles programmées.
Depuis 1997, Madame Martine Valdher, professeur d’histoire à l’Université d’Artois à Arras, a toujours assuré le suivi, la coordination, l’interprétation des résultats et le rendu des travaux tant aux services dits de tutelles, qu’aux résidents du château des Dames, habitants de Gosnay ou aux nombreux visiteurs.
Les campagnes de fouilles de 1997 à 2002 avaient pour but de déterminer les plans de la chartreuse aux diverses périodes de son évolution à partir des seuls éléments existants :
- une peinture tirée des albums de Croÿ au tout début du XVIIé siècle
- des bâtiments encore en place aujourd’hui, dont l’architecture témoigne des différentes phases de l’histoire du site.
Les travaux des universitaires ont permis de confirmer les éléments suivants :
- les dimensions exactes de l’église médiévale dont seule subsiste la façade intérieure, de style gothique. Démontée méthodiquement par son acquéreur sous la Révolution française, il ne reste de la nef et du chœur de la chapelle du Mont Sainte-Marie que des fondations sous la route et le parking actuel.
- Le grand cloître primitif fut l’objet priviligié des recherches archéologiques pendant les premières campagnes de fouilles. Vaste espace herbeux aujourd’hui, il avait été du XIVé siècle au début du XVIIIé siècle, le principal lieu de vie de l’importante communauté religieuse. De construction soignée, il était bordé d’une galerie et formait un vaste quadrilatère au nord de l ‘église.

Eclaté de l'église
L’étude du bâtiment nord-ouest, particulièrement aboutie, a permis de clarifier les différentes phases de constructions et de remaniement successifs du cloître. Les éléments les plus spectaculaires mis au jour sont des caves voûtées, un réseau de canalisation, quelques niveaux de sols et un important foyer (« le chauffoir »
) des moniales.
Suspendu en 2003 et 2004 pour des raisons d’insécurité à l’encontre des fouilles et des fouilleurs, le programme a été réactivé au printemps 2005 par ArtoisComm et le département histoire et archéologie de l’Université d’Artois en même temps qu’étaient relogées la quasi-totalité des familles du château des Dames.
L’intervention des archéologues est en effet l’occasion unique d’étudier le cadre de vie monastique de ce couvent, original et mal connu, dont il n’existe plus aucun plan. Le champ d’étude a donc porté cette année sur la partie la plus ignorée du site, « la place du château des Dames »
.
La fouille de l’été 2005 s’est plus spécialement orientée sur la place du château des dames. Fin mai, un gros travail de décapage à la pelle mécanique a permis de découvrir les restes de deux bâtiments dont on ne soupçonnait pas l’existence et dès juin, les stagiaires du Lycée de travaux publics de Bruay la Buissière procédaient à une campagne de relevés de points de niveaux alors que les truelles et autres pinceaux experts des archéologues, secondés par des étudiants en histoire et archéologie et des bénévoles, curieux et passionnés, investissaient scientifiquement le chantier.

Poterie

Poterie
L’abondance et la complexité inattendue des traces archéologiques ont contraint les archéologues à ne travailler que sur la moitié sud de la zone décapée où ont été mis au jour :
- Deux bâtiments parallèles, dont l’un reliait
« la porterie »
au chœur de l’église, pourraient constituer le« petit cloître »
où se situent traditionnellement en chartreuse la sacristie, la salle du chapitre dite capitulaire, le réfectoire et un cimetière de laïcs. La poursuite des fouilles en 2006 confirmera ou pas cette hypothèse. - Un ensemble domestique de type cuisine médiévale, riche en équipement (un sol de cheminée en briquettes, une sole et un dépotoir) et de nombreux autres vestiges (tasses de grés blanc, culs de verre blancs, céramiques, bagues, fragments de vitraux historiés, épingles de linceul, pièces de monnaie
« Philippe II »
, etc…) dont la datation varie selon l’objet, entre le XIVé et le XVIIé siècle. - Un ensemble de structures liées à l’aménagement hydraulique un regard (ou puisard) sur une grande canalisation près de l’église, un collecteur en plein milieu de la zone fouillée et le bassin d’une fontaine d’une exceptionnelle qualité de construction (élévation en briques, sol de beaux carreaux hydrauliques rouges presque intact dont la canalisation a été pillée).
Une cave (ou citerne), voûtée, entre la fontaine et la cuisine, n’est apparue qu’en toute fin de fouille. Elle fera l’objet d’investigations ultérieures. - L’existence d’une zone funéraire, déjà constatée lors des sondages sur la chapelle conventuelle, a été cette fois confirmée sur l’ensemble du
« petit cloître »
.

Vue aérienne des fouilles
Le chantier 2005 a prit fin avec les journées du patrimoine de septembre qui ont connu un succès inespéré (plus de 1100 visiteurs au château des Dames, dans un village qui n’avoisine que 1200 habitants !!!). Il appartient maintenant aux archéologues de commencer leur travail d’analyse scientifique du matériel trouvé qui se distingue plus par sa qualité que par sa quantité.