Thierry d'Hireçon fonde aussi, en 1320, face à la chartreuse du Val Saint-Esprit et au voisinage immédiat du château, un hôpital rural, afin que « les femmes en couches et les pauvres malades et infirmes de Gosnay, Hesdigneul, Fouquereuil et Fouquières »
n’importunent les religieux. Les ressources de la fondation permirent aussi de distribuer, pendant plusieurs siècles, des pitances aux familles les plus pauvres, nommément désignées par les curés de chacune des paroisses.
- Plusieurs comptes de l’hôpital portent sur l’activité de la fondation et précisent le nom des personnes soignées, leur maladie et la durée de l’hospitalisation. On y apprend par exemple qu’en
- 1340, sept femmes y
« eurent jut d’enfant »
et que chacune fut hospitalisée un mois durant - 1680, trente militaires y décédent de leurs blessures.

Une vue de la chartreuse du Val Saint Esprit, réalisée en 1610 (Album De Croy n°XVII, planche 74), montre l’entrée de la chartreuse du Val Saint-Esprit à l’ouest, et positionne l’hôpital, au bas du chemin menant d’Hesdigneul à Labuissière. Le 29 janvier 1699, le prieur du Val Saint-Esprit, Dom Charles Bécourt, achète l’emprise de l’hôpital « pour construire une chapelle au côté de leur église et prendre l’entrée principale de leur maison sur une allée d’arbres conduisant à Hesdigneul »
. Depuis, le fronton de la porte d’entrée, porte en médaillon, un gré sculpté, rappelant la date de « 1699 »
.
L’hôpital fonctionna en autonomie pendant 250 ans jusqu’à ce qu'en 1573, un Edit royal réunisse ses biens à ceux de l’hôpital Saint-Jean de Béthune, « à la condition que les pauvres et malades des villages de Gosnay, Hesdigneul, Fouquereuil et Fouquières soient soignés comme s’ils étaient de Béthune »
. Les habitants de Gosnay vécurent cette décision de rattachement comme une spoliation et plusieurs recours furent engagés en vain en 1667, 1740 et 1760.

des chartreux depuis 1699
En 1789, le cahier de doléances de Gosnay portait précisément sur ce point « il existoit autrefois sur le territoire de notre municipalité un hospital qui avoit été fondé pour les pauvres et les malades des villages de Foucquière, Gosnay et Hesdigneul. Depuis plus de 200 ans cet hôpital a été réuni à celui de Saint Jean à Béthune et quoique par les lettres de réunion il avait été ordonné que les biens de cette fondation fussent administrés séparément et employés au soulagement des pauvres des trois villages, cependant par la répartition injuste qu’on en a fait, les dits pauvres ne reçoivent pas annuellement la septième partie des revenus. La municipalité demande que les revenus de cet établissement qui étoient affectés aux trois villages … et dont les pauvres sont frustrés, soient administrés par les municipalités… plus à portée de connoître les besoins des pauvres familles que des administrateurs étrangers ».
Le conseil du District Révolutionnaire de Béthune, dans sa séance du 12 messidor de l’an II, reconnut le bien fondé de cette doléance, en octroyant à la commune de Gosnay une rente annuelle de 1.50 F à payer par l’Hôpital de Béthune. Cette rente fut régulièrement versée jusqu’au 23 octobre 1978, date à laquelle le percepteur proposa au Conseil municipal de Gosnay, le rachat de cette obligation pour 30 F, ce qui fut fait….
Aujourd’hui, dans le hall d'entrée du Centre Hospitalier Germon et Gauthier de Béthune-Beuvry, la plaque commémorative de l’inauguration du 9 octobre 1982, rappelle que l’établissement « continue et perpétue l’œuvre des maladreries de Béthune-Beuvry, Noeux et Hersin, des Hôpitaux Saint Jean, de la Vraie Croix, de Gosnay et de Saint-Georges, fondés respectivement entre le XIIè et le XVIè siècle »
.